Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/192

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trou doit ensevelir toute notre destinée ? si nous sommes voués à la Mort, enfin, vers laquelle nous marcherons d’un pas toujours plus rapide, — les cieux, d’après les affirmations même de la Science la plus positive, devant se faire, tôt ou tard, brûlants ou mortels. — À peine si nous pouvons examiner un passé de six mille ans, à peine notre apparition date-t-elle de quelques heures, — et nous osons fonder sur un grain de sable nos suprêmes espérances, alors qu’un rien nous fera, sans rémission, rentrer dans la poussière, dans les ténèbres, dans le Nul.

— Mais, m’écriai-je, la catastrophe dont vous parlez n’aura lieu que dans un laps de temps si considérable qu’il est presque absurde d’y songer ! Conquérons, d’abord, sur la Nature, notre indépendance, et nous verrons plus tard. — D’ailleurs, après nous le Déluge !… et, ma foi, — au petit bonheur !