Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/226

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tière. Il fallait qu’il succombât ou qu’il guérît. J’étais décidé à recourir fût-ce aux explosifs pour en finir avec son mal. Il n’est pas, je me plais à l’espérer, d’ingrédients dus à toutes les branches du savoir, dont je ne lui aie fort habilement bourré les cavernes. J’ai fait chauffer, au péril de ma vie, les creusets où se pulvérisaient, après concoction, les sucs des plantes les plus délétères, si utiles en médecine quand leur dosage est pondéré. Il me semblait voir dans tout cela le doigt de Dieu. J’avais négligé momentanément mes chers infusoires ; l’amitié seule était mon guide, — et souvent, de nuit, quand réveillé en sursaut par quelque cauchemar, j’apercevais mes carreaux empourprés par les reflets du laboratoire où bouillonnaient, nuit et jour, les alambics, les matras à tubulures et les cornues, je me délectais, avec attendrissement, à la pensée que tout ce qui se faisait là, sous