Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lement le compte le plus clair de toutes choses : mais, — c’est singulier ! — j’ai beau m’expliquer, par exemple, en acoustique, — et même, en physique, à l’aide de deux extrêmes soudains du froid et du chaud, — le bruit du vent, — eh bien ! quand j’entends le Vent, j’ai peur. Aux mille tressaillements du Silence, — produits par les causes les plus simples, — je deviens livide.

Toutes et quantes fois que l’ombre d’un oiseau passe à mes pieds, je m’arrête, et, posant par terre ma valise, je m’essuie le front, voyageur hagard ! Alors je reste oppressé sous le poids d’une inquiétude nerveuse, — pitoyable ! — du ciel et de la terre, des vivants et des morts. — Et, malgré moi, je me surprends à vociférer : — Oh ! oh ! que peut signifier ce caravansérail d’apparitions, tenant leur sérieux pour disparaître incontinent ? —