Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/70

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L’univers est-il oiseux ?… L’Univers dévorateur — chaîne indéfinie où les pieds de l’un craquent entre les mâchoires de l’autre — est-il destiné lui-même à la voracité de quelque Éon ? Quel sera son ver de terre ? Réponds-moi, bruit du vent, oiseau qui passes !… et toi qui le sais, ô Silence !

Telles sont les lubies inconcevables, jaculatoires, poétiques et, par conséquent, grotesques, qui me hantent et qui troublent la lucidité de mes idées. C’est une simple maladie ; — je suis un angoisseux. Je me suis traité par les douches, le quinquina, les purgatifs, les amers et l’hydrothérapie ; — je vais mieux, beaucoup mieux ! — Je commence à me rassurer et à reconnaître que le Progrès n’est pas un rêve, qu’il pénètre le monde, l’illumine et, finalement, nous élève vers des sphères de choix, seules dignes des élans mieux disciplinés de nos intelligences.