Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/197

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persévérance, je ne me fatiguerais pas le premier.

Supposons, maintenant — (ne faut-il pas tout prévoir ?) — que, sur des suggestions de conseillers tels que vous, tel chef de l’une des « patries » de l’Allemagne, irrité, à la longue, de plusieurs insuccès coûteux et menaçants, — ne pouvant tolérer la constante humiliation de ses ordres formels, — sur quelques soupçons, aussi, peut-être, de ces faits « révoltants » et commençant à se défier, d’une façon plus réfléchie, non seulement de moi mais de mon taciturne entourage, — supposons, dis-je, — puisqu’enfin l’on ne saurait imaginer jusqu’à quelles résolutions l’ « indignation » d’un Prince peut le conduire ! — que ce roi légal envoyât brusquement des forces un peu sérieuses, — huit ou dix mille hommes, par exemple, — avec mission d’occuper militairement la Forêt-Noire, de raser ma muraille et de m’amener mort ou vif ! Ceci, uniquement, afin que « Force reste à la Loi ».

Au nom du Droit humain, je déclare que guerroyer un exilé solitaire, à peine coupable de légitime défense, de silence et de liberté, — bien décidé, en tout cas, à sauvegarder son isolement jusqu’à se faire sauter plutôt que de se rendre, — oui, je prétends que guerroyer cet homme serait un acte digne des risées de l’Histoire, du mépris