Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/208

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Montrant le corps du commandeur d’Auërsperg :

— Aux caveaux, près des sépultures, — cette nuit même !

Gotthold, à l’oreille d’Axël, et protégeant, d’une main, ses paroles, à cause des assourdissants coups de tonnerre, qui, sans doute, frappent, maintenant, le sommet du donjon

Une fosse est prête, monseigneur : c’était la vôtre, — creusée d’après votre formel désir, autrefois…

Axël, impassible

Soit : cendre pour cendre.

Il laisse tomber son épée à demi rougie.
Depuis un moment, la porte cintrée, au sommet de l’escalier de pierre, s’est silencieusement ouverte au-devant d’un personnage inconnu.
Le survenant est d’une stature élevée et de proportions admirables. Sa physionomie, aux traits purs, ne semble pas celle d’un homme de nos siècles ni de nos contrées ; elle rappelle, étrangement, ces effigies hiératiques ou royales en relief sur les très anciennes médailles des Mèdes. Il paraît être en sa cinquantième année, bien que le rayonnement de ses yeux graves atteste une sorte de puissante, d’éternelle jeunesse corporelle. L’austère beauté de toute sa personne, la lumineuse pâleur de sa face, l’expression magnifique de son regard, semblent devoir opprimer à jamais la mémoire de ceux mêmes qui ne le contempleraient qu’une seule fois.