Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/209

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Ses cheveux bruns, ondulés, dont quelques-uns, à peine, sont d’argent, se partagent — un peu plus longs, seulement, qu’il n’est d’usage aux armées — sur un front mystérieux dont les plénitudes imposent le recueillement. Sa barbe brune rappelle celle des figures que l’on retrouve burinées sur les airains ninivites. Les éclairs l’illuminent.
Son costume, presque un uniforme noir, sans épée, paraît être, tout d’abord, celui des médecins militaires de la Hongrie ; mais plusieurs détails, d’une simplicité tout à fait sévère, indiqueraient plutôt que c’est le vêtement d’un cavalier toujours prêt à de longs voyages ; — vêtement qu’un feutre à bords larges et qu’un manteau suffisent à compléter.
Au moment où il descend vers la salle, Gotthold et Miklaus, aidés de Ukko, ont soulevé le corps inanimé du commandeur d’Auërsperg, et, précédés de Hartwig, dont la torche les éclaire, ils se dirigent vers la porte centrale. — Le comte d’Auërsperg vient de reprendre ses vêtements, et, comme il achève de ceinturer son justaucorps de cuir bruni, l’inconnu, maintenant sur les premières marches, lui apparaît.
Axël, à lui-même

Maître Janus !

Un silence. Puis, avec un profond soupir :

Ah ! je me sens redevenir seulement un homme, en présence de ce vivant.