Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/275

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Sara

Mon cher époux, voici l’anneau donné à mes aïeules pour gage des nuits nuptiales : regarde ce qui est gravé sur son antique émeraude.

Elle élève un peu sa main droite : une bague familiale, ouvrée d’armoiries, étincelle à l’un de ses doigts, Axël, un instant, considère le fatidique joyau ; puis, après une songerie muette et devenue taciturne, il la regarde.
Axël, avec un grave sourire

Oui, ce serait à penser… qu’il est un destin !

Sara, de même

Certes, et si l’illusion t’en semble belle, va, je l’imagine aussi.

Axël, debout, profondément soucieux

Puisque, mystérieuse, elle paraît s’efforcer, autour de nous, de se réaliser, aidons-la d’une croyance ; elle nous laissera comprendre que nos êtres s’attendaient. Un silence.

Sara, regardant autour d’elle, et comme pour dissiper leurs pensées

J’ai aussi une famille de marbre, dans un manoir,