Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/287

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pièces d’argent dans une sébile, pour notre repas du soir à l’hôtellerie ! Ainsi nous pourrons cheminer, en chantant, depuis le sud du pays des Bulgares jusqu’au détroit de Bab-el-Mandeb. — Veux-tu que nous laissions étinceler, sous nos attelages, les dalles des quais de la Néva, ou du Danube ? — Peut-être il te plairait de voir les danses des femmes de Pologne et de Hongrie, avec des festins et des musiques, au fond des palais ? — Veux-tu, aventuriers hasardeux, sur notre brick aux canons d’acier, en touchant aux archipels, explorer depuis les côtes de Guinée jusqu’aux bords silencieux de l’Hudson ? Ensuite remonter le Nil ? Illuminer l’intérieur des pyramides de Chephrem et d’Osymandias dont nous pouvons doubler le cercle d’or ! Ne pouvons-nous également venir, aux bords du Gange, fonder, nous aussi, quelque religion divine ? Va ! nous ferons des miracles, nous élèverons des temples, et, sans aucun doute, le Ciel même nous obéira. — Si nous allions, quelque jour, cueillir des poisons délicieux en Mélanésie et nous promener à Sumatra, sous les mancenilliers ? — Veux-tu laisser voir mon visage aux rivières qui coulent près de Golconde, de Vishapour ou d’Ophir ? Ou voyager en Nubie sur les bords du Zaijr, la rivière ténébreuse où le soir tombe sans crépuscule ? — Veux-tu venir voir Séleucie, où de saints apôtres