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Sara, pensive, après un silence

Mourir !

Axël, souriant

Ô bien-aimée ! je ne te propose pas de me survivre, tant je suis persuadé que tu ne te soucies déjà plus, en ta conscience, de ce leurre misérable qu’on appelle « vivre ».

Il regarde autour de lui, comme cherchant des yeux le poignard.

Sara, relevant la tête, maintenant d’une pâleur de cierge

Non. J’ai, dans cet anneau, sous cette émeraude, un foudroyant poison : cherchons une coupe entre les plus belles, parmi ces orfèvreries… et qu’il en soit fait selon ta volonté.

Axël, l’enlaçant dans ses bras et la considérant dans une extase sombre

Ô fleur du monde !

Après un moment, il la quitte et se dirige vers les monceaux étincelants du souterrain. — Sara, pendant qu’il remue les joyaux et les objets d’or, a repris, sur les tombes, les grands colliers de diamants et s’est parée en silence.