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Sara, doucement, vers les vitraux

Quel beau soleil !

Axël, revenant et tenant à la main une coupe magnifique incrustée de pierreries, regarde Sara, puis l’observant, et d’une voix douce

Veux-tu nous promener dans la plaine, en cueillant des fleurs de ce printemps ? Quelle joie de sentir le vent du matin dans nos cheveux ! Viens ! nos lèvres se toucheront sur la même primevère !…

Sara, qui a deviné la mélancolique pensée d’Axel

Non. Je t’aime plus que la vue du soleil : nos lèvres toucheront leurs empreintes sur le bord radieux de cette coupe ! — Voici mon anneau… de fiancée, aussi !

Elle ôte son anneau familial, presse le ressort de l’émeraude et répand au fond de la coupe d’Axël les quelques grains de poudre brune qui se trouvent dans le chaton d’or.
Axël

La rosée tombe encore ; quelques-unes de ses claires larmes suffiront pour dissoudre ce poison dans ce calice sacré !