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— l’exégèse, la clef même de l’Évidence… et les enfants du siècle, au nom de l’ennui douloureux que leur laissent les réalités mensongères des sens, osent traiter d’imaginaire notre positif bonheur ? — Arrière !

Souriant :

Illusion pour illusion, nous gardons celle de Dieu, qui donne, seule, à ses éternels éblouis, la joie, la lumière, la force et la paix. Nulle créature, nulle vitalité n’échappe à la Foi. L’homme préfère une croyance à une autre, et, pour celui qui doute, même à l’indéfini de sa pensée, le doute, qu’il admet librement en son esprit, n’est encore qu’une forme de la Foi, puisque, en principe, il est aussi mystérieux que nos mystères. Seulement, l’indécis demeure avec son irrésolution, qui devient la somme nulle de sa vie. Il croit « analyser », il creuse la fosse de son âme et retourne vers un néant qui ne peut plus s’appeler que l’Enfer, — car il est à jamais trop tard pour n’être plus. Nous sommes irrévocables.

Glas.

— Oui, la Foi nous enveloppe ! L’univers n’est que son symbole. Il faut penser. Il faut agir. Nous sommes contraints à cet esclavage : penser. En douter, c’est encore y obéir. Pas un acte qui ne soit créé d’une instinctive pensée ! pas une pensée qui ne soit aveugle en sa notion primordiale ! Hé bien, puisque nous ne pouvons devenir