Page:Villiers de L’Isle-Adam - Chez les passants, 1890.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

34 CHEZ LES PASSANTS

— et qui, néanmoins, commet l'inconséquence, plus étrange encore que juvénile, de faire sanctionner son œuvre — (où parle le Christ lui-même !) — par une telle préface et un tel parrain ?

2° La « pièce » n'est autre qu'un passage de l'Évangile, arrangé, en vers, pour le théâtre: Sainte Madeleine chez le pharisien Simon. — Tout d'abord, l'Évangile, pour un fidèle, étant le Livre de l'Esprit-Saint, la lettre même en est inviolable (à une virgule près, sous menace d'anathème, est-il écrit). Le Beau, dans l'Évangile, est vivant — et non fictif comme le Beau littéraire. Le mystérieux, le lointain d'un beau vers ne peut qu'altérer la vérité de ce Beau spécial. Le restreindre jusqu'à l'humain, en l'adaptant sur le lit de Procuste d'une prosodie, c'est donc risquer d'offrir, sous une étiquette, autre chose que ce qu'elle annonce, et se vouer à produire, par exemple, des vers où, comme dans la pièce, Dieu trouve que l'Asie est « IMM-