Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/175

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lavage alcalin (cela coûte quarante centimes) deux mètres cubes de simple sciure de bois, celle-ci, une fois bien séchée, peut être transportée, en sac, dans une mansarde. Là, traitée en quelques minutes par un azoteux (cela s’obtient avec cent sous d’eau-forte de chez l’épicier), puis laissée en contact avec une mèche lente, que l’on a soin d’allumer avant de s’en aller, tranquillement, la clef dans sa poche… brrroum ! c’est la maison et ses deux voisines s’éboulant sur au moins quatre-vingts bourgeois, tu sais ! et avec le fracas de trois pièces de canon !

— Peuh ! répliquait l’anarchiste en hochant la tête, — et après, mon amour ? On payerait cher, très cher, ce trop de bruit pour peu de chose. Vois-tu, ce n’est pas quatre-vingts bourgeois, c’est tous les bourgeois, qu’il s’agirait de trouver le moyen d’exterminer.

— Mais, papa, gros comme une aubergine (600 grammes) de gélatine de Lewin, cela vous envoie un quartier de grès du poids de sept quintaux (3.500 livres) rouler comme une balle de ouate à plus de cent mètres. Cette aubergine-là ne coûte, à Anvers, qu’un franc cinquante ! Rien, même ! puisque, partout, les carriers et les portons, qui en ont les poches farcies, se comptent par vingtaines de milliers ! Il en passe, par jour, et rien qu’en Belgique, de 30.000 à 40.000 tonnes, sur les fleuves. Quant aux amorces, nos frères des grandes capsuleries des mines, où cela circule par boîtes, nous en feraient bien cadeau. D’ailleurs, le