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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/176

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fuminate de mercure, n’éclatant jamais dans du bois, pourrait être expédié, soit pur, soit camphré ou nitraté…

— Ta ! ta ! ta ! répondait, avec émotion l’anarchiste : tu oublies, enfant, dans ton innocence naïve, qu’en deux heures, des lois d’exception seraient votées, qu’on se trouverait traqués par l’état de siège, écrasés, à mille mètres, par des feux de batteries et de bataillons, exterminés, comme des rats, par les tribunaux sommaires ! Sans compter que, ces troubles refroidissant toujours le commerce, ceux qui survivent crèvent encore davantage de faim la semaine suivante. Endors-toi. Toutes ces choses et cent autres sont archi-connues, et je serais hué si je venais les offrir à nos comités supérieurs. Revenus du cercle des fantaisies, ils sont bien décidés à n’admettre, cette fois, qu’un engin… qui contiendrait, à volonté, le Tremblement de terre.

Ainsi les soirées, ces derniers temps, s’écoulaient, en entretiens paisibles, chez quelques milliers de ménages peu fortunés, en notre capitale.

Si bien qu’une cotisation de vingt-cinq centimes par tête (je cite les termes d’un rapport officiel) fut votée, il y a plus de six semaines, en un comité de mécontents, pour qu’une rente de vingt-cinq à trente francs par jour, allouée à trois ou quatre élus, — triés parmi les plus diserts, — permît à ces derniers, toutes autres occupations quittées, de se consacrer, sans trêve, à « découvrir, fabriquer, apprendre à manier, enfin,