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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/230

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Sédillot et de Bichat, jusqu’à ceux des modernes ?

— Et j’ai même assisté, jadis, à l’un de vos cours de dissection sur les restes d’un supplicié.

— Ah !… Passons, alors. — Avez-vous des notions exactes, au point de vue chirurgical, sur la guillotine ?

La Pommerais, ayant bien regardé Velpeau, répondit froidement :

— Non, monsieur.

— J’ai scrupuleusement étudié l’appareil aujourd’hui même, continua sans s’émouvoir, le docteur Velpeau : — c’est, je l’atteste, un instrument parfait.

Le couteau-glaive agissant, à la fois, comme coin, comme faulx et comme masse, intersecte, en bizeau, le cou du patient en un tiers de seconde. Le décapité, sous le heurt de cette atteinte fulgurante, ne peut donc pas plus ressentir de douleur qu’un soldat n’en éprouve, sur le champ de bataille, de son bras emporté dans le vent d’un boulet. La sensation, faute de temps, est nulle et obscure.

— Il y a peut-être l’arrière-douleur ; il reste l’à-vif de deux plaies ! — N’est-ce pas Julia Fontenelle qui, donnant ses motifs, demande si cette vitesse même n’a pas de conséquences plus douloureuses que l’exécution au damas ou à la hache ?

— Il a suffi de Bérard pour faire justice de cette rêverie ! répondit Velpeau.

Pour moi, j’ai la conviction, basée sur cent