Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/229

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la camisole au poignet gauche, appuya le médium sur le pouls du jeune condamné.

— Monsieur de la Pommerais, dit-il, votre pouls me révèle un sang-froid, une fermeté rares. La démarche que j’accomplis auprès de vous (et qui doit être tenue secrète) a pour objet une sorte d’offre qui, même adressée à un médecin de votre énergie, à un esprit trempé aux convictions positives de notre Science et bien dégagé de toutes frayeurs fantastiques de la Mort, pourrait sembler d’une extravagance ou d’une dérision criminelles. Mais, nous savons, je pense, qui nous sommes ; vous la prendrez donc en attentive considération, quelque troublante qu’elle vous paraisse de prime abord.

— Mon attention vous est acquise, monsieur, répondit La Pommerais.

— Vous êtes loin d’ignorer, reprit Velpeau, que l’une des plus intéressantes questions de la physiologie moderne est de savoir si quelque lueur de mémoire, de réflexion, de sensibilité réelle persiste dans le cerveau de l’homme après la section de la tête ?

À cette ouverture inattendue, le condamné tressaillit ; puis, se remettant :

— Lorsque vous êtes entré, docteur, répondit-il, j’étais, tout justement, fort préoccupé de ce problème, doublement intéressant pour moi, d’ailleurs.

— Vous êtes au courant des travaux écrits sur cette question, depuis ceux de Sœmmering, de Süe, de