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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/236

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à la fois effroyable, révoltante et illusoire. — Si c’est non, je compte sur votre discrétion, n’est-ce pas, pour laisser ma tête saigner tranquillement ses dernières vitalités dans le seau d’étain qui la recevra.

— À bientôt donc, M. de La Pommerais ? dit Velpeau en se levant aussi. — Réfléchissez.

Tous deux se saluèrent.

L’instant d’après, le docteur Velpeau quittait la cellule : le gardien rentrait, et le condamné s’étendait, résigné, sur son lit de camp pour dormir ou songer.


Quatre jours après, vers cinq heures et demie du matin, M. Beauquesne, l’abbé Crozes, M. Claude et M. Potier, greffier de la Cour impériale, entrèrent dans la cellule. — Réveillé, M. de La Pommerais, à la nouvelle de l’heure fatale, se dressa sur son séant fort pâle, et s’habilla vite. — Puis, il causa dix minutes avec l’abbé Crozes, dont il avait déjà bien accueilli les visites : on sait que le saint prêtre était doué de cette onction d’inspiré qui rend vaillante la dernière heure. Ensuite, voyant survenir le docteur Velpeau :

— J’ai travaillé, dit-il. Voyez !

Et, pendant la lecture de l’arrêt, il tint close sa paupière droite en regardant le chirurgien fixement de son œil gauche tout grand ouvert.

Velpeau s’inclina profondément, puis, se tournant vers M. Hendreich, qui entrait avec ses aides, il échangea,