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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/244

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aux plus récents actualistes en cette question. Et, en effet, si telle n’était pas l’arrière-pensée de la Science, de quel droit se ferait-elle profanatrice de cadavres et s’amuserait-elle à faire grimacer des décapités ?

La loi ne protège pas ces victimes.


Oh ! tout cela n’a rien qui puisse étonner le chrétien. L’Église a, de tout temps, permis, autorisé, — parfois, même, prescrit aux fidèles la créance à de certaines légendes vénérables — (celle de saint Denis, par exemple) — dont cette incertitude, presque affirmative, de la Science moderne ne fait que corroborer, pour ainsi dire, la probabilité. L’épisode de l’Evêque-martyr, marchant, son chef mitré à la main, n’est-il pas sculpté au fronton de cent cathédrales, voire de Notre-Dame de Paris ? Le miracle n’est jamais tout à fait anti-naturel : tant d’animaux décapités marchent ou volent si longtemps encore, tant de reptiles, coupés en vingt morceaux, cherchent à se rassembler, que le plus sceptique sourire s’éteint devant une réflexion, quant à ces sortes de mystérieuses légendes, aujourd’hui.

Si donc la tête est ce membre plus nécessaire que les autres, où la Vie se localise en dernier ressort et peut être constatée, ce n’est pas le dernier soupir qui, sur nos lèvres, peut attester la mort. Souvent, en de certaines maladies — par exemple, le croup — des incisions au cou sont pratiquées, qui permettent de survivre à l’étouffement