Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/245

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naturel, bien que le miroir, appliqué aux lèvres, ne se ternisse pas. — Bref, selon l’Esprit chrétien, tant que l’âme n’a point abandonné la tête, — la Tête qui reçoit ce sacrement du Baptême dont se pénètre, (fût-il paralysé) le reste du corps, — il ne saurait être dit, d’une manière absolue, de tel individu, qu’il est décédé.

Or, comme le Prêtre ne peut, à la rigueur, que bénir et non absoudre les restes de ceux qui, se refusant à la Foi, n’ont pas accepté l’Absolution, que de fois, sur les champs de bataille, le soldat, — frappé d’un projectile à la bouche ou à la gorge, — ou le cou plus qu’à moitié fendu d’un coup de sabre, — fut réduit, moribond, à répondre en toute hâte, par des signes de paupières, à la question précipitée d’un aumônier, afin d’en obtenir cette clef — sacrée pour les croyants — de l’évasion du monde, l’Absolution !

Et comme rien ne peut diviser qu’illusoirement l’occulte, la réel ensemble du corps, — puisque, très souvent, l’homme souffre du membre dont il fut amputé, — la tête a toujours suffi pour que le tronc des blessés bénéficiât, quand même, tout entier, — eût-il perdu, dans la mêlée, à droite et à gauche, bras et jambes, — de la puissance rédemptrice du Sacrement.

Il est évident que je ne parle, ici, qu’au seul point de vue de la Foi chrétienne, ne reconnaissant la valeur d’aucun autre point de vue, d’ailleurs, en cette question — comme en toutes autres.