Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/247

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table d’expériences ultra-légales serait à ce point rapprochée de notre instrument de supplice, il me semblerait étrange de proscrire, a priori, étourdiment et comme tout à fait absurde, la mesure suivante… que nos missionnaires en Chine trouveraient peut-être aussi simple qu’orthodoxe, — eux qui subissent et voient subir, tous les jours, à leurs néophytes, le supplice d’être coupés en cent morceaux (tête comprise), ainsi que l’on peut s’en convaincre aux Missions étrangères, rue du Bac.


Quatre heures du matin sonnent. Le prêtre et le condamné sont laissés seuls un instant, dans la cellule, pour les suprêmes paroles. Le désespéré persiste dans l’endurcissement et l’impénitence. Aucune lueur de Dieu dans cette âme trouble. Il repousse le pardon, d’un sourire, — le crucifix sublime, d’un mouvement d’épaules.

Cela s’est vu. Récemment. Hier encore.

En cette occurrence, pourquoi le prêtre, mandataire intrépide du dernier effort divin, ne prononcerait-il pas — en les modifiant selon sa souveraine prudence — des paroles analogues aux suivantes, puisque la Science paraît le lui permettre, et puisqu’au point de vue terre à terre il est rétribué par l’État et la Chrétienté pour accomplir son devoir jusqu’au bout :

— Mon frère, mon fils, non, je ne te dis pas adieu encore. La terrestre buée de tes sens te fait prendre trop au sérieux ce triste ciel apparent, ce sol fuyant qui t’exclut de ses ombres, ces illusions de Temps