Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/366

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Entre les branches des aréquiers, des palmiers-palmyres, des mangliers et des sycomores, le long de l’avenue du Gange, flottaient de riches étoffes de Bagdad, en signe de bonheur. Sous les dais de la porte d’Occident, aux deux angles du porche énorme de la forteresse, un éblouissant cortège de courtisans aux longues robes brodées, de brahmes, d’officiers du palais, attendaient, entourant le vizir-gouverneur auprès duquel étaient assis les trois vizirs-guikowars de Habad. — On donnerait des réjouissances, on distribuerait au peuple le butin d’Éléphanta — de la poudre d’or, aussi — et, surtout, on livrerait, aux lueurs d’une torche solitaire, dans la vaste enceinte du cirque, de ces nocturnes combats de rhinocéros qu’idolâtraient les Hindous. Les habitants redoutaient seulement que des blessures eussent atteint la beauté de la reine ; ils questionnaient des haletants éclaireurs ; à grand’peine, ils étaient rassurés.

Dans un espace laissé libre, entre d’élevés et lourds trépieds de bronze d’où s’échappaient de bleuâtres vapeurs d’encens, se tordaient, en des guirlandes, des théories de bayadères vêtues de gazes brillantes ; elles jouaient avec des chaînes de perles, faisaient miroiter des courbures de poignards, simulaient des mouvements de volupté, — des disputes, aussi, pour donner à leurs traits une animation ; — c’était à l’entrée de l’avenue des Richis, sur le chemin du palais. À