Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/368

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le crépuscule s’azurait, les flamme dorées s’éteignaient et, dans la pâleur du ciel, déjà — des étoiles …

Au moment où le globe divin oscillait au bord de l’espace, prêt à s’abîmer, de longs ruisseaux de feu coururent, en ondulant, sur les vapeurs occidentales — et voici qu’en cet instant même, au sortir des défilés de ces lointaines collines entre lesquelles s’aplanissait la route de Surate, apparurent, en des étincellements d’épaisses poussières, des nuages de cavaliers, puis des milliers de lances, des chars — et, de tous côtés, couronnant les hauteurs, surgirent des fronts de phalanges aux caftans brunis, aux semelles fauves, aux genouillères d’airain d’où sortaient de centrales pointes mortelles : un hérissement de piques dont presque toutes les extrémités, enfoncées en des têtes coupées, entreheurtaient celles-ci en de farouches baisers, au hasard de chaque pas. Puis, escortant l’attirail roulant des machines de siège, et les claies sans nombre, attelées de robustes onagres, où, sur des litières de feuilles, gisaient les blessés, d’autres troupes de pied, les javelots ou la grande fronde à la ceinture ; — enfin, les chariots des vivres. C’était là presque toute l’avant-garde ; ils descendaient, en hâte, les pentes des sentiers, vers la ville, y pénétrant circulairement par toutes les portes. Peu après, les éclats des trompettes royales, encore invisibles, répondirent, là-bas, aux gongs sacrés qui grondaient sur Bénarès.

Bientôt des officies émissaires arrivèrent au galop, éclaircissant