Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/370

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blanche en sa robe d’or, sur le disque du soleil. On apercevait, à sa taille élancée, le ceinturon constellé où s’agrafait son cimeterre. Elle mouvait, elle-même, entre les doigts de sa main gauche, la chaînette de sa monture formidable. À l’exemple des Dêvas sculptés au loin sur le faîte des monts du Habad, elle élevait, en sa main droite, la fleur sceptrale de l’Inde, un lotus d’or mouillé d’une rosée de rubis.

Le soir, qui l’illuminait, empourprait la grandiose entourage. Entre les jambes des éléphants pendaient, distinctes, sur le rouge clair de l’espace, les diverses extrémités des trompes, — et, plus haut, latérales, les vastes oreilles surseautantes, pareilles à des feuilles de palmiers. Le ciel jetait, par éclairs, des rougeoiements sur les pointes des ivoires, sur les pierres précieuses des turbans, les fers des haches.

Et le terrain résonnait sourdement sous ces approches.

Et, toujours entre les pas de ces colosses, dont le demi-cercle effroyable masquait l’espace, uns monstrueuse nuée noire, mouvante, sembla s’élever, de tous côtés à la fois, orbiculaire — et graduellement — du ras de l’horizon : c’était l’armée qui surgissait derrière eux, là-bas, étageant, entrecoupées de mille dromadaires, ses puissantes lignes. La ville se rassurait en songeant que les campements étaient préparés dans les bourgs prochaines.

Lorsque la reine du Habad ne fut plus éloignée de l’Entrée-du-Septentrion que d’une porte de flèche, les cortèges