Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/371

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s’avancèrent sur la route pour l’accueillir.

Et tous reconnurent, bientôt, le visage sublime d’Akëdysséril.

Cette neigeuse fille de la race solaire était de taille élevée. La pourpre mauve, intreillée de longs diamants, d’un bandeau fané dans les batailles, cerclait, espacé de hautes pointes d’or, la pâleur de son front. Le flottement de ses cheveux, au long de son dos svelte et musclé, emmêlait ses bleuâtres ombres, sur le tissu d’or de sa robe, aux bandelettes de son diadème. Ses traits étaient d’un charme oppressif qui, d’abord, inspirait plutôt le trouble que l’amour. Pourtant des enfants sans nombre, dans le Habad, languissaient, en silence, de l’avoir vue.

Une lueur d’ambre pâle, épandue en sa chair, avivait les contours de son corps : telles ces transparences dont l’aube, voilées par les cimes hymalaïennes, en pénètre les blancheurs comme intérieurement. Sous l’horizontale immobilité des longs sourcils, deux clartés bleu sombre, en de languides paupières de Hindoue, deux magnifiques yeux, surchargés de rêves, dispensaient autour d’elle une magie transfiguratrice sur toutes les choses de la terre et du ciel. Ils saturaient d’inconnus enchantements