Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/373

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et des chocs d’armées, aux jeunes combattants de ses légions, des soifs de blessures reçues là, sous ses prunelles.

Et puis, de tout le calice en fleur de son sein, d’elle entière, s’exhalait une odeur subtile, inespérée ! Enivrante — et telle … que, — dans l’animation, surtout, des mêlées, — un charme torturait autour d’elle ! excitant ses défenseurs éperdus au désir sans frein de périr à son ombre… sacrifice qu’elle encourageait, parfois, d’un regard surhumain, si délirant qu’elle semblait s’y donner.

C’étaient, dans la brume radieuse de ses victoires, des souvenirs d’elle seule connus et qui s’évoquaient en ses sommeils.

Telle apparaissait Akëdysséril, à l’entrée, maintenant, de la citadelle. Un moment elle écouta, peut-être, les paroles de bienvenue et d’amour dont la saluèrent les seigneurs ; puis, sur un signe imperceptible, les chars de ses guerrières, avec le fracas du tonnerre, franchirent les voûtes et s’irradièrent sur la place de Kama. Les clameurs d’allégresse de son peuple l’appelaient : poussant donc son éléphant noir sous le porche de Surate et sur les tapis étendus, la souveraine du Habad entra dans Bénarès.

Soudainement, ses regards tombèrent sur l’avenue décriée au fond de laquelle s’accusait, dans l’éloignement,