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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/391

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Il y eut un moment de grand silence dans le temple, à cette parole.

— « Prêtre, reprit encore Akëdysséril, je tenais à mon rêve que tu t’engageas, librement, à réaliser. Tu fus, ici, l’interprète sacrilège de ton dieu, dont tu as compromis l’éternelle intégrité par ta traîtrise, car tout parjure diminue, à la mesure de la promesse trahie, l’être même de qui l’accomplit ou l’inspira. Je veux donc savoir pourquoi tu m’as bravée : pour quel motif ce long attentat n’a point fatigué ta persévérance !… Tu vas me répondre. » Elle se détourna, comme une longue lueur d’or, vers les profondeurs ensevelies dans l’obscurité. Et sa voix, devenant immédiatement stridente, réveilla, comme de force, en des sursauts bondissants, les échos des immenses salles autour d’elle : — « Et maintenant, fakirs voilés, spectres errants entre les piliers de cette demeure et qui, cachant vos cruelles mains, apparaissez, par intervalles, — révélés, seulement, par l’ombre rapide que vous projetez sur les murailles, — écoutez la menaçante voix d’une femme qui, — servante, hier encore, de ceux-là — qui entendent les symboles et tiennent la parole des dieux, — ce soir vous parle en dominatrice, car ses paroles ne sont point vaines : j’en au pesé, froidement, l’imprudence — et ce n’est pas à moi de trembler.