Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/69

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Cet état de choses ne pouvait durer : nous l’avons dit, la mesure était comble : il fallait en finir. Une battue sérieuse, avec accompagnement de dogues, de fourches et de carabines, fut organisée et, — de concert avec la gendarmerie, — l’on fut assez heureux pour capturer, dans la grange d’une ferme incendiée, entre deux cultivateurs carbonisés, l’affreux Mahoin : ceci au moment même où il se disposait à consommer, au milieu de fenaisons, sur la personne d’une enfant de trois ans et demi à peine, le plus odieux des attentats.

Il fallut six des plus vigoureux gendarmes du pays pour maintenir et ligotter la grondante bête puante, puis la jeter dans une charrette et la porter ensuite au fond d’un cachot de la prison d’Ixelles.

L’instruction ne fut pas longue : — les assises le furent moins encore : ce Mahoin, comme bien on le pense, fut condamné au dernier supplice, — haut la main, presque sommairement ! — et le recours en grâce dûment jeté au panier par Qui de droit : tout cela va sans dire.

Jusqu’ici, j’en conviens, rien de bien extraordinaire : — mais il se passa, le jour de l’exécution capitale, un incident dont la bizarrerie, peu commune, mérite mention.

Aux termes de l’arrêt, la guillotine, sur son grand échafaud, devait être dressée sur la place foraine d’Ixelles.

Or, grâce à la courtoisie du parquet flamand,