Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/74

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Au cours de l’existence, et sous tous les cieux, ils eurent donc à subir le salut des passants polis, aux yeux sourieurs, aux airs sagaces, aux admirations officielles, aux jugements d’emprunt, aux préoccupations oiseuses, aux riens compassés, aux cœurs uniquement lascifs, aux politiques visées, aux calomnieux éloges, — et dont les présences, très distinguées, dégagent une odeur de bois mort…

Ah ! c’est que tous deux avaient, comme nous, reçu le jour au sein triste de ces nations occidentales, lesquelles, sous couleur d’établir, enfin, sur la terre, le règne « régulier » de la Justice, vont, se dénuant, à plaisir, de ces instincts de l’en-Haut — qui, seuls, constituent l’Homme réel, — et préfèrent s’aventurer librement, désormais, au gré d’une Raison désespérée, à travers les hasards et les phénomènes, en payant chaque « découverte » d’un endurcissement plus sourd du cœur.

Au spectacle environnant de cet effort moderne, le plus sage, humainement, — aux yeux, du moins, des gens du « monde », — ne serait-ce pas de se laisser vivre, en vagues curieux, n’acceptant des années que les sensualités intellectuelles ou physiques, et sans autres passions que celle du plus commode éclectisme ?

Cependant, Paule de Luçanges, ainsi que le duc Valleran de la Villethéars, dès leur juvénilité, commencèrent à ressentir beaucoup d’étonnement de faire partie d’une espèce où le dépérissement de toute foi, de tous désintéressés enthousiasmes, de