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l’oreille de l’attention fixée sur elle quelque part :

Elle se leva tout à coup. C’était le premier geste de sa méditation ! Ses yeux profonds et noirs brillèrent comme deux flammes. Son visage était pâle comme la mort.

Il y avait dans la grande bibliothèque une sphère céleste de dimensions colossales : elle se trouvait placée en face d’une vaste fenêtre à vitraux toute grande ouverte. La nuit incendiée par les éclats de la foudre faisait, avec une vie merveilleuse, étinceler comme des astres véritables les innombrables étoiles d’or et d’argent incrustées sur l’énorme boule bleue. Une spirale aux degrés de velours entourait cette sphère ; au sommet, sur une plate-forme étroite, étaient jetés deux ou trois coussins et des instruments d’astronomie étaient épars sur ces coussins.

La lampe brûlait sur la table.

Tullia Fabriana, — sans doute l’orage l’avait indisposée un moment, — porta la main à son front. À voir l’expression fixe de ses regards, il devenait présumable que le ciel, la terre et la nuit étaient loin de sa pensée, et qu’elle ne savait ni