Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/151

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conquérir le monde. Vous ne me direz pas, je le pense, que le prince était infant ? Sa mère, une Farnèse, lui avait donné Parme, à quinze ans, pour l’habituer. Un matin, il s’éveille avec la pensée dont nous parlons : être roi des Deux-Siciles. Il en fait part à M. le duc de Mortemart, l’un de ses amis. M. le duc lui répond, naturellement, que son père en sera très-enchanté. De fil en aiguille, on arrive à se trouver dans les veines du sang des Capétiens et des Bourbons, etc., etc. ; — à plaindre le sort de ce malheureux État de Naples, en butte aux « factions » qui le divisent… ; — à vouloir relever ce grand peuple… Enfin, il part, emmenant quelques centaines d’hommes à sa suite. Il débarque, bat les Impériaux à Bitonte comme un ange ; se saisit, à l’improviste, du sceptre et du trône, se fait couronner roi par le pape Clément XII, et reçoit l’investiture du royaume par le congrès d’Aix, avant que personne ait eu le temps de se remettre. Vous avez vu cela, prince. Vous étiez attaché à l’ambassade romaine, je crois, et vous connaissiez intimement son futur ministre, Tannucci. Et lorsque l’Autriche voulut reprendre son bien de la veille,