Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les bien-aimés cousins du roi seraient alors distraits, comme le roi de France Louis XIV et son ministre furent distraits quand le seigneur Olivier se mit à protéger l’Angleterre et le roi Charles de Stuart. Combien y eut-il de Majestés choquées du « sans-gêne » de ce brillant personnage ?… Vous voyez. Il suffit de prendre son temps. Supposons mieux : voici M. d’Anthas ; l’idée lui vient tout naturellement d’être roi de Naples. Qui s’opposerait à la réussite d’un pareil projet mené d’une manière convenable ?

Le prince Forsiani fut un instant sans répondre.

— M. de Strally-d’Anthas est un peu jeune, dit-il enfin, comme en acceptant la plaisanterie.

— Voulez-vous, dit-elle en s’adossant et avec une négligence enjouée, voulez-vous que je vous conte une petite histoire ? — Un prince (un prince comme M. de Strally pourrait facilement le devenir : une terre en Italie suffirait), le prince Carlos, en Espagne, avait dix-sept ans, juste l’âge de M. le comte, et à peu près l’âge d’Alexandre quand celui-ci se mettait, par forme de distractions, à défaire les armées des grands rois de l’Asie et à