Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/23

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époque où nous sommes, il y avait des décombres, des veilleurs armés, des statues clair-semées, et des fanaux bariolés de rouge et de bleu dans le goût vénitien, allumés de distance en distance dans les massifs. D’ailleurs, grand isolement.

Le prince Forsiani marchait dans l’ombre : une bouffée de brise passa dans les feuilles ; il jeta un regard autour de lui : certes, il était bien seul.

— Enfin ! dit-il avec un soupir, laissons cela.

Dans le carrefour de la grande allée, une lanterne posée sur un amas de pierres éclaira sa figure.

Peu d’instants après, un nouvel arrivant, dont le grand manteau de velours noir se lustrait aux reflets des fallots, s’approchait de lui. Quand l’inconnu fut devant le prince, il ôta sa toque et le salua d’un geste gracieux.

— Bonsoir, mon cher Wilhelm ! fit le prince en lui tendant la main.

Et son manteau écarté laissa voir de riches vêtements et les belles proportions d’une haute stature. Des cordons brillaient sur sa poitrine et se rattachaient au ceinturon de son épée. Son visage noble et fier, que les symptômes de la vieillesse pro-