Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/235

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On voit ses ombres dormantes
S’éclairer à tous moments
Autant par les fleurs charmantes
Que par les astres charmants.

Moi, ma nuit au sombre voile
N’a pour charme et pour clarté,
Qu’une fleur et qu’une étoile :
Mon amour et ta beauté !

C’était une mélodie lente et douce ; mais quelque chose de tout à fait inattendu en altéra la simplicité.

Aux premiers accents, un profond murmure courut autour des cordes de la harpe ; elle s’émouvait en vibrations insensibles, et, tout à coup, le sens de la romance lui sembla se déformer en une signification inconnue ; son chant creusait un tourbillon autour de lui.

Les singulières paroles qu’ils venaient d’échanger, la sombre richesse qui les entourait, les formes noires que Wilhelm distinguait vaguement au plafond sans pouvoir s’expliquer ce que c’était, la lividité que sa main dégantée avait prise en s’appuyant au bord de la table d’ébène, la tête énorme du sphinx, encadrée de bandelettes de pierre et