Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces quelques mots détaillés par des inflexions d’une froideur enchanteresse produisirent sur Wilhelm un effet qui se traduisit par un éblouissement et une pâleur.

La marquise se leva ; elle s’approcha de la fenêtre dans ses vêtements blancs et soutenant d’un bras les flocons de batiste sur sa poitrine. Les belles boucles de cheveux dorés se soulevaient à peine au vent tiède ; on entendait le murmure des feuilles épaisses et parfumées ; pas un chant de rossignol. Un coup de cloche, annonçant la prière et le sommeil, tinta, dans le lointain, au monastère de San-Marco.

— Quelle tranquillité dans le ciel !… dit-elle doucement ; et, après un instant de silence : Une nuit de printemps !… Savez-vous quelque chose sur la nuit, monsieur le comte ?

— En voici une, madame.

Et il chanta :

La nuit au brillant mystère
Entr’ouvre ses écrins bleus :
Autant de fleurs sur la terre
Que d’étoiles dans les cieux.