Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/40

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cette existence aux luttes difficiles que je désire vous parler.

Vous allez avoir affaire à des hommes qui s’estiment presque tous capables de changer la face du monde et dont chacun se pense plus que le voisin, ce qui, vu de près, constitue le plus clair de l’apparente égalité universelle. — Si l’on vous trouve jeune, ne dites rien ; mais pesez le résultat social et pratique de l’homme qui vous trouvera jeune, vous serez étonné de voir comme c’est, presque toujours, nul ou infime. N’écoutez pas tous ces gens qui voient les choses de haut ; ils les voient de si haut, qu’ils finissent par ne plus rien distinguer. Ne vous laissez jamais éblouir par leurs affirmations. Décomposez, en pensée, chacun des termes qui les énoncent, et la plupart du temps, vous trouverez l’ensemble niais ou naïf. Souvent vous entendrez un homme dire cependant une chose profonde, et vous le verrez divaguer une minute après. Le dernier venu peut dire des choses profondes ! C’est de les unir entre elles, qui est difficile. Celui qui le fait, par exemple, est un homme. Si vous avez intérêt dans une discussion à