Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/43

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vivre sociable, et passez outre. Essayer de retrouver les mobiles n’est pas possible ; d’ailleurs, c’est inutile et insondable ; c’est d’un autre monde que le nôtre. Il faut respecter l’homme parce qu’on est homme et qu’on doit respecter son humanité dans celle d’autrui. Quant aux idées d’autrui, c’est une autre affaire. Il ne faut pas tenir à l’admiration ou à l’indifférence de ces gens, dont le blâme et l’estime obéissent aux mêmes mobiles que le flot qui va et vient. Est-ce que cela compte ? Est-ce qu’on s’en occupe ! C’est la poussière de la route ; c’est le vent qui passe. Laissez dire ces personnes qui ne font que réciter des à peu près toute leur vie, en s’imaginant qu’on ne peut pas y avoir songé comme elles. Si vous saviez comme c’est peu de chose, en résultat ! Si vous saviez comme ce qu’elles font est ridicule, pitoyable et méchant ! Tenez, la soirée d’hier vous a semblé toute agréable ; votre présentation au nonce, toute simple ; les bontés de la duchesse d’Espéria, mon amitié, toutes naturelles ? Vous ignorez ce que ces faits ont suscité de pensées viles, de raisonnements abjects, de demi-mots infâmes !… Sous le masque de sérénité, vous