Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sais modeste, je suis sûr que vous le serez toujours, en paroles, au moins, par cela seul que la modestie est l’orgueil logique. Vous êtes riche, tant mieux ; mais ne faites jamais de dettes, quand même il s’agirait d’un trône, par la simple raison que vous pourriez mourir sans vous être acquitté, que cela s’oublie, et que si vous voulez être sûr de vous-même, il importe que vous soyez prêt à mourir à toute heure, tel que le sort vous a fait, sans rien devoir de plus à personne. C’est de la vraie dignité, cela. — N’hésitez jamais ; agissez toujours devant l’occasion ; faites n’importe quoi, mais faites quelque chose : tous les événements s’entrevalent, à peu près, pour celui qui en sait trouver le joint et en extraire la valeur réelle : c’est-à-dire, pour celui qui sait découvrir le plus grand nombre de rapports possibles de tel événement avec le but absolu de son existence : les natures à tâtonnements n’arrivent à rien de solide ; agissez donc toujours devant l’occasion en déployant sur elle toutes les ressources de votre présence d’esprit. — Ne vous liez jamais avec personne au point de vous livrer en paroles ; jamais ! cela ne mène à rien qui vaille et cela di-