Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/45

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homme de bon sens, qui est seul avec deux bons bras et du cœur, ne peut manquer exactement de vivre partout ; mais ces philosophes estiment que le travail est une faiblesse. Grand bien leur fasse ! Croyez-vous qu’une centaine de ces hommes de goût fassent la monnaie d’un paysan, qui aime une brave femme, la bat de temps à autre, élève sa famille, travaille la terre, et daigne prier Dieu ?… Voilà cependant le monde dans toute sa splendeur, mon cher Wilhelm ; eh bien ! ne le méprisez pas. Vous ne pouvez comprendre les forces d’impulsions graduées vers l’infamie, les rouages de la bassesse et du crime, les poussades insensibles qui conduisent là. Ce sont des abîmes ! Plaignez et respectez, malgré tout, si vous voulez voir dans la vie quelque chose… de plus que la vie !… En un mot, ayez cette charité dont je vous parlais tout à l’heure. Vous m’avez compris, n’est-ce pas ?

— Oh ! cher prince ! Cela met de la glace sur le cœur !

— Oui, c’est assez froid ; mais on s’y habitue. Voici des conseils pour vous, maintenant. Je vous