Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/102

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84 ACTE TROISIEME Les Mohawks ont brûlé un jour les wigwams de ma tribu. Ils emportaient Dahu faible et pleurant. Stephen Ashwell, qui chassait le bison avec ses compagnons pâles, nous aper- çut. Il dispersa les Mohawks, tua mes ravisseurs et me délivra ! Alors je lui dis : « La hache de guerre est enterrée entre nous à jamais. » Depuis ce temps, je veille sur sa maison. RUTH, à demi-voix O mon noble Stephen ! Dahu Mais toi, en l’aimant, tu le fais souffrir ! Pourquoi Ruth n’est-elle pas la femme de Stephen Ashwell ? stephen Ashwell (costume de chasseur) est entré, depuis un instant, par le fond, â gauche. RUTH Tais-toi ! Dahu Pourquoi, puisqu’elle n’appartient à personne, ne se donne-t-elle pas à lui ? (Ruth veut l’interrompre. — Stephen s’est approché.) Stephen, tristement Oui, pourquoi ! (Il fait un signe à Dahu qui rentre, lentement, à travers les arbres dans la forêt.) Dahu, chantant d’une voix qui s’éteindra, peu à peu, dans le lointain pendant que Stephen s’asseoit, en silence, à côté de Ruth frémis- sante. " Paisible chasseur de castors, sur mon canot de cuir, j’effleure, de ma pagaie, les flots étincelants de l’Hudson !...» (La voix se perd dans l’éloignement.)