LE NOUVEAU-MONDE 85 SCÈNE IX STEPHEN, RUTH STEPHEN, près de Ruth Vois comme l’heure est douce, vois la merveilleuse forêt. Les gouttes de rosée, qui baignent les grandes fleurs, res- plendissent comme des gouttes de flamme ! Le vent nous apporte les parfums de ce bois immense et enchanté. On n’entend pas les rossignols du jour comme si la majesté de ce silence leur semblait encore plus auguste que leur voix. Oh ! si tu étais ma femme, je te mêlerais, dans un baiser, à toute la beauté du monde. — Ruth ! mon amour ! Oh ! mon pâle amour !.. . Ruth, se levant, oppressée Stephen ! je vous en supplie, silence. Je vous l’ai dit, je ne dois pas entendre ces paroles. De grâce ! Il le faut ! — Laissez-moi. Stephen, la suivant Ruth ! je meurs d’amour pour toi ! Je n’y tiens plus, enfln, du supplice de vivre loin de toi, près de toi ! Je te veux. Sois ma femme ! Ruth, faible Non, Stephen ! (Plus forte.) Non. Je ne suis que l’épouse de tes dangers. Je ne suis venue que pour mourir avec toi, si tu dois périr, pour te secourir, si tu es blessé, pour te servir comme une sœur fidèle, — mais... jamais... Stephen, la saisissant puissamment Oh ! n’achève pas ! Ne dis pas que tu ne seras jamais à moi ! Ne blasphème pas. Est-ce que c’est possible !
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