Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/112

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94 ACTE TROISIEME Voix DIVERSES DANS LA FOULE (Ensemble.) Ah ! ah ! mister Tom ! — Eh bien ! qu’en pensez-vous, digne monsieur Burnett ? — C’est un puritain comme nous, mister Tom. (Tom Burnett, qui se démène sans pouvoir se faire entendre, manque de tomber de la table : l’Officier le retient dans ses bras.) Mistress Noella, ouvrant sa bible et lisant à haute voix Malheur à vous ;- qui affligez vos frères de fardeaux que vous ne sauriez toucher du bout du doigt ! — qui payez la dîme de la myrrhe et du cumin, qui... L’Officier Payez-vous, oui ou non ? TOM BURNETT Eh bien ! c’est dur, monsieur O’Keene ! C’est dur, je l’avoue !.. Mais, puisqu’il le faut, je paie encore. (Même jeu que la première fois : l’Officier sort.) — (A part, le regardant.) Coquin ! Vous verrez qu’ils s’en constitueront des précé- dents pour... (Haut, à l’assemblée :) Citoyens ! je disais donc que les impôts étaient insupportablement lourds ! Oh ! oui, trop lourds ! (Rires.) Mais de la plainte à la révolte, il y a des abî- mes ! Je vous conseille d’apprécier ma conduite, de rentrer chacun chez soi, en gens modérés, et de nous concerter, à tête reposée, pour adresser à la Chambre des Communes un pétitionnement pacifique au sujet de nos taxes, qui commencent... qui commencent à confondre, en effet, mes prévisions les plus conciliantes.. (Nouveau bras, nouvel Officier, nouveau papier. — Tom Durnett s’in- terrompt en bondissant.) Ah ! pour le coup, je ne paierai pas.