Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/146

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128 ACTE QUATRIEME Mistress Andrews Moi, moi, dites-vous ? (Un silence.)— Non, je suis trop superstitieuse — et j’aime autant regarder la nuit. (Elle marche vers la porte du fond, et, s’accoudant à l’embrasure, regarde au loin, vers les forêts. Cependant les groupes se sont formés et rapprochés : les jeunes filles se sont assises par ferre autour de mistress Noella ; tous apparaissent dans le rayon de la lune. (Orchestre : rappels très-assourdis, du motif de la Ballade déjà plusieurs fois entendu.) Mistress Noella, avec la voix monotone d’un chant de veillée. Un soir, Ralph Evandale, — le chevalier ! — au retour de la guerre des Roses, rentrant dans son manoir, sur sa mon- tagne, entendit des chants dans la galerie des aieux. Il gravit les marches de pierre, tout couvert d’acier, visière baissée, s’étonnant de ces bruits de fête ! — Mille lampes brûlaient sur les convives. Son père, Fungh Evandale, célébrait ses secondes noces : les barons du pays l’entou- raient et buvaient des coupes en formant des vœux amis. Dès le seuil, Ralph aperçut la nouvelle épousée , plus blanche que les perles de sa couronne. Il reconnut, dans cette fiancée, la pâle vierge qu’il avait toujours aimée dans le secret de son âme. Un sentiment venu de l’Enfer s’alluma dans son cœur : — muet et sombre, il repoussa la porte et disparut. Une Sentinelle, au dehors Qui vive ? (Tous écoutent.] Washington, au loin Ronde d’officiers. Mistress Andrews, tressaillant C’est bien lui ! — Enfin !...