Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/148

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130 ACTE QUATRIEME Mistress Noella Maintenant, — maintenant la race s’est éteinte. — Une fille survit. Elle a brûlé son domaine, détruit la vieille demeure avant de fuir son pays. Où donc est-elle sur la terre ? Nul ne le peut savoir. — Cependant on la reconnaîtra quand viendra son heure dernière ! Car depuis l’horrible soir où la jeune aïeule aperçut la Main sanglante sur la face du parricide, la main révélatrice, gravée dans la chair des Evandale, s’est perpétuée à travers les générations. Ils sont conçus dans cette empreinte. C’est leur loi natale ! (Cri lointain de l’orfraie) Et chaque fois que la mort frappe l’un d’eux, la sinistre main apparaît sur le front de l’infortuné. C’est une main d’ombre, lumineuse, sanglante — et que, seule, efface l’éternelle Nuit. — Priez pour Edith Evandale, la dernière, l’inconnue, l’oubliée ! (Sur ces derniers mots, et pendant que tous écoutent encore, inclinés et taciturnes, mistress Andrews est descendue, pâle, au milieu d’eux. Elle apparait maintenant, toute seule, dans le rayon de la lune.) Mistress Andrews, terrible, à voix basse Oui ! priez. (Un frisson semble passer dans l’auditoire.) Vaudreuil Brrr ! Un conte noir, bonne mistress Noëlla ! Le lieutenant Harris On n’y voit pas bien, ici ! RUTH, se serrant contre Stephen Oh !.. J’ai peur ! Stephen, la rassurant, avec tendresse Amie, tu as peur de ces vains fantômes de l’ancien monde à jamais quitté ? Ruth, mais ce ne sont là que des rêves !