Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/158

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HQ ACTE QUATRIEME J’atteste que divers rapports — et des avis réitérés, qui, depuis longtemps, me sont parvenus, — m’induisent à la soupçonner d’avoir trahi... jusqu’à la prière du soir, tout à l’heure. — Ecoute et rappelle-toi. Plusieurs fois, déjà, nous avons subi des attaques impré- vues, en dehors de tout calcul possible et dont la soudaineté prouvait une délation. (Mistress Andrews tressaille.) Un soir, après une défaite, des sentinelles ont vu, de loin, une femme qui allumait un feu de signal, sur une hauteur, devant le camp ennemi. La distance empêcha de distinguer son visage... mais, enfin, qu’ai-je, désormais, le devoir de supposer ? que cette femme (Montrant Ruth :) était celle-ci.. (Frémissement.) Ah ! lorsqu’il s’agit du salut de l’armée, qui donc oserait prendre sur soi de me garantir le contraire ?.. Tu com- prends, à présent, Stephen, pourquoi miss Ruth Moore re- fusait de t’épouser. (Il se rasseoit.) Comme je ne sais, même, sur quel point de nos opérations ont porté ses secrets messages, peut-être, — il convient que je l’interroge. STEPHEN, hors de lui et qui s’est contenu jusque-là, regardant Ruth Mais parle donc !.. Réponds-lui ! Mais, par ma sainte mère ! que signifie ce silence, Ruth ? Ruth, pale et grave Je m’appelle, en ellet, lady Cecil. Stephen, bondissant Tu mens !.. RUTH, chancelante et fermant les yeux Ah ! Stephen ! (Elle s’appuie d’une main à la table)