Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/20

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ACTE PREMIER sculpté et blasonné. Aux angles, armures, vases de marbre noir où s’épanouissent des fleurs rares et de pays orientaux. Au-dessus de la cheminée, glace s’élevant jusqu’au plafond. Au milieu, table : dans l’ombre, au fond, à gauche, une harpe. Au lever du rideau, lady RUTH CECIL, vêtue de noir, est assise dans un fauteuil de chêne, à droite. Elle est accoudée, les yeux tournés vers la mer, pensivement. A ses pieds, sur des cous- sins et la tête appuyée sur les genoux de lady CECIL, MARY MARK ELLIS, souriante, la regarde. Toutes deux semblent écouter des VOIX lointaines dont le chant parvient par la croisée ouverte. A gauche, auprès de la table, DICK, un vieillard, en livrée d’in- tendant, une chaîne d’acier au cou, dispose le thé. Une lampe au globe recouvert d’un abat-jour rose, placée sur la table, éclaire seule le salon. SCENE PREMIERE Lady RUTH CECIL, MARY MARK ELLIS , DICK, voix lointaines Les Voix Adieu, prairie. Adieu, berceau ! ... Adieu, tombeau. Adieu, patrie !... Les Voix se perdent dans l'éloignement Mary , à part N’est-ce point lui ?... Je distingue, il me semble... Non ! l’homme est trop joyeux pour la chanson. Lady CeCIL, qui a tressailli et qui s’est remise Quelles sont ces voix, là-bas, sur la mer ? DICK Milady, ce sont des colons de France qui partent pour le Nouveau-Monde.