Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/36

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18 ACTE PREMIER Lord Cecil, se levant, avec un grave sourire A moa tour, Madame, merci. Il s’approche de la table et frappe sur un timbre. Dick parait. Faites entrer, et placez sur cette table la croix d’ébène qui est dans la chambre de mon père. Dick s’incline et sort. Le comte se rapproche de lady Cecil. Si je parlais à toute autre femme que Ruth Moore, je dirais encore ces paroles : « Lord Cecil vous rend votre liberté, Madame, en reprenant la sienne ; mais il entend user de ses derniers droits d’époux pour limiter la vôtre selon les nécessités de son honneur. Celle qui a porté mon nom ne portera, moi vivant, le nom d’aucun autre homme — et je ne vous cède qu’à Dieu. » Lady Cecil, qui a silencieusement tressailli Vous savez que je suis un esprit solitaire et ne s’entrete- nant qu’avec lui-même. L’oubli, la paix, la prière, voilà ce que je cherche. Dick est entré et a posé un crucifix noir sur la table, puis est allé vers les portes de gauche. — Lady Cecil étend la main vers la croix : Je le jure.

Lord Cecil, après un silence 

J’ai reçu votre serment. Les deux grandes portes s’ouvrent. Entrent Sir Cornélius Halgrave, suivi d’un Massier du Parlement ; Dick, serviteurs, pages. Une foule sombre et attentive. Lady Cecil Vous, Milord, soyez heureux dans la vie ! — Moi, je ne suis plus. Nous donnerons au chapelain du château nos deux bagues nuptiales, afin qu’elles soient fondues et que l’or en soit remis en aumône au premier enfant d’Irlande qui passera, pieds nus, dans le chemin. La salle s’est remplie