Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/53

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LE NOUVEAU-MONDE 35 RUTH Un jour, chevalier, vous saurez quelle destinée m’oblige à cette action. — Mary, prends le bras de M. de Vaudreuil ; je vous suis. Le chevalier de Vaudreuil et Mary sont dans la lumière de la lune sur le balcon. Ruth est encore dans la salle obscure. Au dehors, on voit passer, plus nombreux, les fanaux des embarca- tions : et au lointain l’Espérance s’éclaire. Mary, simplement, avec une émotion grave et souriante Monsieur de Vaudreuil, lorsque Ruth parle ou conseille, j’ai coutume d’obéir aveuglément. Voici donc ma main. Gardez-la, si vous le désirez, puisque mon sort l’a voulu aussi vite Vaudreuil, à Mary Mary, nous avons l’aumônier du bord : demain vous serez ma femme, et, par la sambleu ! je n’aurais jamais cru que je l’eusse trouvée en Angleterre. — Venez !... Hâtons- nous ! (Des Voix s’élèvent dans l’éloignement.) Les Voix Adieu !. . . Adieu !. . . RUTII, immobile dans la pénombre et parlant pendant le chœur lointain Adieu, vieille maison où je n’ai jamais donné ni reçu de joie ! — Le devoir pour qui je t’abandonne est plus saint, à mes yeux, que tout autre devoir : Dieu me jugera. Les Voix, confuses, comme perdues dans le vent de la mer et de la nuit, reprenant le chœur de la première scène Adieu, prairie, (Lueur lointaine, coup de canon.)