Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/57

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LE NOUVEAU-MONDE 39 tous deux... s’étaient rejoints ? — s’il était trop tard ! — Lord Cecil, parti après nous, est à Boston, déjà, lui ! Se levant N’importe ! Allons ! Du courage... et à l’œuvre ! Un silence. — Haut et brusquement Tu dis donc que je suis toujours belle ? MOSCONE Oh ! signora ! comme une nuit d’orage ! Vous avez l’air d’une reine en deuil ! — Tenez, vous êtes belle à faire peur . Mistress Andrews, l’interrompant Écoute : ici, en Amérique, je m’appelle Mistress An- drews. (Souriante et lui frappant sur l'épaule.) Depuis que je t'ai retrouvé en Irlande, j’ai oublié de te dire cela, Moscone , mon beau compagnon d’aventures. MOSCONE, souriant toujours Momentino ! —Vous avez tant voyagé que je m’em- brouille, parfois, dans vos... nationalités. Au fond, je ne les distingue plus que par la différence des monnaies. En France où vous récompensiez mes services en beaux louis d’or sonnants, je ne manquais pas de vous appeler « madame. » Vous étiez une signora en Italie, à cause des sequins : — dès que vous m’aurez gratifié de quelques dol- lars, je ne manquerai pas de vous appeler " mistress. » Mistress Andrews Paix. — Tu es sûr de m’avoir amenée où je voulais venir ? C’est bien ici ? Moscone C’est ici. Ce port, désert ce soir, que vous voyez de cette fenêtre, ne le reconnaissez- vous pas ? — C’est York- Town, je vous dis ! — Nous sommes à quelques lieues de Mont-Vernon, c’est tout près de Frédériksbourg... et puis- que votre plantation est aux environs de la ville...