Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/97

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LK NOUVEAU-MONDE "ÎB n’ose pas !... (Bas.) Il irait se faire tuer, te dis-je, en déses- péré... Le mieux est d’attendre encore. Mistress Andrews, à elle-même, dans l’ombre "Va, je sais bien que tu ne peux l’épouser et ta souf- france me console. Mary Enfin, qu’espères-tu ? RUTH J’attends le navire anglais. J’ai envoyé des pouvoirs pour que la requête soit remise à la Chambre des pairs. Le di- vorce, en état d’admission avant mon départ, et demandé par lord Cecil, — signé par moi devant le greffier du Par- lement et sous la signature du roi d’Angleterre, — peut être prononcé en mon absence. J’ai pris conseil. Mon accepta- tion et la parole de lord Cecil ont été reçues par la loi. — J’ai le droit, bien fondé, de m’attendre à l’arrêt le plus favo- rable. (Mistress Andrews sourit silencieusement.) Mary Tu oublies que lord Cecil est tout-puissant. Il est déjà, peut-être, en Virginie ! L’Homme-qui-marche-sous-terre, — grand Indien, au vaste manteau de laine, tatoué, les deux aiguilles aux chveux, apparaît au fond de la scène. — Invisible, il observe mistress Andrews, une seconde, fixe- ment, puis glisse et s’enfonce dans l’épaisseur des fourrés. RUTH, se tordant les mains Comment dire à Stephen que j’ai été... que je suis encore la femme d’un autre !... Je m’y résoudrai, cependant !... Bientôt, sans doute. (Se cachant le visage :) Oh ! c’est affreux ! Mary , très-doucement et tout bas Sa femme ? Oh ! de nom, seulement ! Mistress Andrews, à part Tu hésites à lui révéler un secret que deux paroles de toi lui feraient pardonner.